Les BASSINS À rouir

Les activités de production linière et chanvrière ont laissé dans le paysage breton de nombreuses traces d'un savoir-faire spécifique, dont la technique du rouissage fait partie. En effet, les tiges de lin et de chanvre, une fois débarrassées de leurs feuilles et de leurs graines, devaient faire l'objet d'une opération particulière permettant l'extraction des fibres textiles.

Le rouissage consistait alors à laisser macérer dans l'eau les tiges de lin et de chanvre, afin de dissoudre le ciment (pectose) qui lie les fibres au bois.

Le rouissage pouvait être effectué dans des routoirs, bassins maçonnés de taille variable. Les routoirs étaient alimentés par des cours d'eau, ruisseaux ou rivières, ou même des sources dont le débit était, dans l'idéal, assez lent. Cette technique, dite "en eau vive", permettait un rouissage d'une meilleure qualité et une altération des fibres moindre. Les routoirs étaient alors disposés "en série" par rapport au cours d'eau, c'est à dire dans sa continuité, ou "en dérivation" ; dans ce cas, l'eau était détournée pour alimenter le routoir.

 

Le procédé

Lors du rouissage, les tiges de lin et de chanvre étaient rassemblées en bottes, immergées, et maintenues à fleur d'eau à l'aide de planche et de galets. Cette immersion devait durer de 8 à 12 jours, tout en veillant bien à être stoppée avant la dégradation des fibres. En effet, cela enlèverait toute possibilité d'utilisation textile.

Cependant ce procédé, bien que populaire, présentait un grand désagrément ; la pollution des eaux entrainait la mort des poissons, l'émanation d'odeurs nauséabondes, et portait atteinte à la santé des riverains. Ainsi dans les Côtes d'Armor, plusieurs arrêtés préfectoraux (en 1896 et 1909 notamment) ont interdit de manière définitive le rouissage dans les cours d'eau. Les routoirs, progressivement abandonnés au début du vingtième siècle, ont parfois été reconvertis en lavoir, et c'est souvent sous cette forme qu'ils nous sont présentés aujourd'hui.

 

Les routoirs du Trégor

Ces routoirs étaient particulièrement présents dans le Trégor costarmoricain, où l'on en retrouve aujourd'hui beaucoup dans un état de conservation variable. Certains ont été restaurés (par l'association Skol ar C'hleuzioù notamment), permettant ainsi de témoigner de l'importance de l'activité au sein de cette zone géographique. La largeur de ces routoirs dépasse rarement 10 mètres, tandis que la longeur peut, elle, varier entre une dizaine et une trentaine de mètres. On retrouve aujourd'hui les galets utilisés pour lester les bottes de lin dans les routoirs asséchés.

 

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